[Paroles Paroles]
Orchestre Vide
Variétés
Présentation à l'École Supérieure d'Art
Présentation à l'École Supérieure d'Art
Waterworld
Installation
Installation
KARAOKÉ, SCIENCES MOLLES, GAIS SAVOIRS ET DISCUSSIONS
UN PROJET DE NICOLAS GIVRAN, MYRIAM OMAR AWADI, YOHANN QUELAND DE SAINT PERN
Ce projet protéiforme est issu d’une réflexion autour de la parole et de la diversité des formes orales mais aussi des relations qui existent entre les pratiques scientifiques et artistiques. Il est notamment le fruit d’un travail que nous menons en tant qu’enseignants au sein du laboratoire de recherche de l’école supérieure d’art de la Réunion, dans un atelier intitulé « Paroles, Paroles » (intitulé emprunté à la célèbre chanson du même titre interprétée par Dalida et Alain Delon).
La parole c'est cette faculté propre à l'être humain, qui, par l'utilisation du langage articulé, lui permet de communiquer avec ses congénères et d'exprimer sa pensée. Et si l’on se réfère à la définition de Joris Lacoste qui détermine le théâtre comme "tout dispositif qui met en présence quelqu’un qui agit (parle) avec quelqu’un qui regarde (écoute)" *, on peut également considérer la dimension performative de celle-ci. La parole : un dispositif théâtral originel, une discipline dont le langage serait la matière première et qu'il s'agirait ici d'exploiter en tant que matière plastique à part entière. Il sera alors question ici de « travailler » cette forme spectaculaire, d'interroger les diverses formes orales, d'en saisir les contours et les limites, et de tenter de révéler leur potentiel créateur de mondes et de pensées. Dans la chanson, les paroles de Dalida, qui évoquent d'une certaine façon les limites d'un discours amoureux usé, soutiennent au fond, l'idée plus générale que l'expression verbale est aussi un mode de manipulation et de mystification du réel, « Parler c'est un peu sale » disait d'ailleurs Deleuze à propos de la culture (dans son abécédaire), "c'est sale, parce que c'est faire du charme", et Bourdieu rappelle qu'en tant qu'instrument de communication, la langue est aussi un signe extérieur de richesse et donc un instrument de pouvoir. Il y a des langues dominantes et d'autres dominées.
Comment se ré-approprier une parole instituée et superficielle qui ne produit que discours formatés, pensées insipides, mots d'ordre? Comment ré-activer les paroles de théoriciens, artistes, écrivains, dont la pensée se révèle être un véritable outil de compréhension du monde? Comment repenser et ré-inventer les espaces qui organisent la parole et qui la conditionnent? Comment ré-incarner la parole et revenir à ce geste primaire "d'ouvrir la bouche et d'attaquer le monde avec savoir mordre" ?**
Ce projet que nous vous présentons et qui fera partie d’un corpus d’oeuvres plus large issue de ces réflexions, est constitué des installations performatives Orchestre Vide, Variétés, Waterworld et de la conférence performée The artist is shining.